Rénovation d'un bâtiment en zone inondable
Par quoi commencer ? Quels sont les points de vigilance ?
par Clara Bernay
https://clarabernay.com/
Dans un premier temps, il est indispensable de comprendre que le fait d’habiter ou d’être propriétaire d’un bâtiment en zone inondable comporte quelques subtilités. L’important est d’apprécier le niveau de connaissance et de compréhension du propriétaire vis-à-vis de ce type de phénomène. Est-il conscient du risque ? A-t-il déjà vécu une inondation ? Comment se positionne-t-il face à ce risque ? Un maître d’ouvrage informé est la clef de la réussite du projet.
Comment procéder?
Le but premier de la rénovation d’un bâtiment est tout d’abord de répondre aux exigences de la maîtrise d’ouvrage : performances thermiques, accessibilité, fonctionnalité, changement de destination... Mais en zone inondable, la réduction de la vulnérabilité est un véritable enjeu pour minimiser l’impact d’une inondation sur le bâtiment. Il s’agit de réduire les dommages sur le bâti et les biens, le but étant de réduire les coûts supplémentaires, ainsi que les désagréments qui y sont liés. Un diagnostic du bâtiment est nécessaire pour définir les points de fragilité du bâtiment comme des problèmes structuraux, de potentielles entrées d’eau... La connaissance de l’aléa est aussi indispensable : déterminer quelles hauteurs d’eau et quelles vitesses sont attendues, permet de déterminer quels éléments seront potentiellement endommagés. Lorsque l’ensemble de ces éléments sont réunis , vous avez alors toutes les cartes en main pour concevoir un projet approprié et complet.
Quels sont les points de vigilance?
Les réponses sont singulières et à personnaliser en fonction du contexte, du projet, des différents aléas, du budget... Aucun document ne pourra vous donner une réponse toute faite. L'inondation est un phénomène complexe qui se divise en plusieurs types d'aléas (ruissellement, crue torrentielle, remontée de nappe, submersion marine...) ayant tous des caractéristiques et des conséquences spécifiques. Différentes stratégies peuvent alors être évoquées avec la maîtrise d'ouvrage. En fonction de ce choix, les préconisations de travaux seront différentes ; il est donc indispensable de commencer par accompagner le propriétaire à prendre cette décision.
La première stratégie envisageable consiste à maintenir l'eau à l'extérieur du bâtiment en s'assurant qu’elle ne puisse pas s'infiltrer. Cette stratégie convient à certain type d'aléa (faible hauteur d'eau, peu de vitesse, durée d'immersion courte). La structure du bâtiment devra aussi permettre de résister à la pression hydrostatique et/ou dynamique. Si la stratégie "résister" ne peut être envisagée, il conviendra alors de “céder à l'inondation". Faire le choix de laisser entrer l'eau pour garantir la pérennité structurelle du bâtiment est parfois la meilleure solution. Dans le cas où les deux premières stratégies ne peuvent être envisagées, il faudra alors se préparer à quitter définitivement les lieux. Lorsque le risque est trop grand, les coûts des travaux trop élevés, ou les usages non adaptés, il semble que ce soit la décision la plus raisonnable même si elle n’est pas facile à accepter pour les propriétaires.
Peu importe les travaux d’adaptation envisagés et la stratégie choisie, deux points sont très importants. Premièrement il faut prévoir une stratégie d’ensemble, de simples batardeaux ne sont souvent pas suffisants s'ils ne sont pas intégrés dans une démarche globale. Deuxièmement, il est indispensable de rappeler au maître d'ouvrage que l'inondation reste un phénomène d'origine naturelle qui peut dépasser les prévisions attendues. Même si les hauteurs d'eau retenues sont souvent calculées sur des crues théoriques et les données souvent vues à la hausse, il est important de rappeler que le risque zéro n'existe pas, surtout lorsque l'on parle de phénomènes d'origine naturelle.